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Pesadilla

Un homme, se paie un vol plané monumental puis s’agrippe à une chaise dans des positions invraisemblables. Comme si ce  corps dépassait les réalités de la pesanteur. Acrobatique ? C’est un des aspects plaisants de cette performance : l’admiration primaire pour la souplesse d’un " Valentin le désossé". Ce " premier degré " du cirque, l’agilité hors normes  est  bien là mais, mis au service d’une histoire qui se dramatise. Petit à petit les plantes s’accumulent comme si la nature envahissait le plateau. Beauté ou menace? Arrive alors un employé à corps de panda, l’animal le plus mignon du monde, non ? Ami ou ennemi ? Dans ce rêve éveillé ou ce cauchemar organisé (par qui, le rêveur ou le panda ?) le corps dans ses torsions s’adapte aux situations, agit ou réagit. Des armes surgissent, des stress le paralysent, des agressions se fomentent, des danses de séduction s’ébauchent. Drôle d’affaire, sans cesse relancée avec des changements de rythme savamment calculés. L’ambigüité étend ses réseaux, et le rire alterne avec les peurs, comme dans tout bon conte pour enfants. Entre le rêveur et le panda on peut même douter...jusqu’à la conclusion. Qui est le héros, qui la victime, qui est le double de l’autre? Inquiétante étrangeté, dirait Freud. En tout cas, Piergiorgio Milano n’a pas pour rien participé à la tournée mondiale de Tabac rouge de James Thierrée. Cet acrobate a enrichi son bagage d’une solide réflexion dramaturgique sur le mélange des genres, le cirque épousant la danse et le théâtre pour construire un produit à la fois séduisant, drôle et touchant.

C.J.

Conception et interprétation Piergiorgio Milano

Coproduction Les Halles de Schaerbeek

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