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L'Entrée du Christ à Bruxelles

Après Hugo Claus et Tom Lanoye, voici qu’un troisième larron venu du Nord débarque sur nos scènes : Dimitri Verhulst et son Entrée du Christ à Bruxelles. C’est à Georges Lini que l’on doit l’adaptation de ce remarquable roman, digne de la toile éponyme de James Ensor par son humour noir, sa liberté de ton et la vitalité de son écriture. «Le Christ va incessamment venir à Bruxelles», telle est la nouvelle qui secoue notre capitale. N’est-ce pas un piteux spectacle qui risque de l’accueillir? Au fil de quatorze stations, l’auteur pose un regard férocement drôle sur la Belgique et ses dysfonctionnements: la complexité absurde de nos institutions, le pouvoir de l’Eglise, et au passage un coup de griffe au nationalisme flamand ou à la famille royale. Mais au-delà, ce sont nos comportements égoïstes qu’il fustige, nos replis identitaires, notre rejet de l’autre. Et en filigrane, cette question: faut-il attendre la venue d’un dieu pour rendre le monde meilleur? Il fallait un comédien de la carrure d’Eric De Staercke pour porter seul sur les planches cette fable corrosive. Le texte lui va à merveille: en conférencier narrateur, il peut y exercer son talent d’humoriste pince-sans-rire, et nous guider, de sa généreuse présence, tout au long de ce singulier chemin de croix. Le metteur en scène Georges Lini joue de toutes les qualités de son acteur pour nous offrir un spectacle drôle et percutant, accompagné pour (presque) seule scénographie, d’images vidéo bien choisies qui font puissamment résonner le tragi-comique absurde des situations. 

D.M.

Texte Dimitri Verhulst Mise en scène George Lini (Compagnie Belle de Nuit) Interprétation Éric De Staercke

Créé à l'Atelier 210

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