Délestage
Tranches de vie kinoises et belges ! Sur le plateau, juste une chaise sous une lumière blafarde avec en fond sonore des commentaires de match de football. "Bagnole menottes poste de police. Ça a commencé comme ça, m'dame." Le Congolais arrêté en situation irrégulière à Bruxelles explique à l’avocate commise d'office son arrestation par la police et son interrogatoire par deux policiers qui le soupçonnent d'être un terroriste potentiel. Les mêmes questions se répètent et les policiers enragent de n'avoir rien sur lui. Et lui garde le silence depuis deux jours. Mais regarder un match de foot, le quart de finale de la coupe d'Europe qui oppose la Belgique au Pays de Galles, entre deux flics les menottes aux poings, c’est trop dur. L'adrénaline monte, et lorsque la frappe de Nainggolan envoie le ballon dans la lucarne, il explose de joie. Mais les Diables s'inclinent, et là, les flics ont les boules. A défaut d'être terroriste, le Congolais est à tout le moins clandestin. Direction le centre 127 bis et l'entretien avec cette avocate peu motivée. Seul en scène David Minor Ilunga détaille la vie quotidienne au bled, Kinshasa, Kin pour les initiés. Délestage parce que tout y est discontinu, l'électricité trois jours sur sept, quand on a de la chance, et ne parlons pas de l’eau potable... Il livre également le portrait d'une Europe, et plus particulièrement d'une Belgique, dans ses rapports avec les ressortissants des anciennes colonies. Délestage de et avec David-Minor Ilunga Mise en scène de Roland Mahauden. Créé au Théâtre de Poche. Coproduction le Théâtre de Poche, Le Tarmac (Paris), La Charge du Rhinocéros et les Récréâtrales (Ouagadougou).
D.B.
Nominations
2017-2018